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Vivre et découvrir

19 mai 2011

Neuf mois après...

Bonjour à tous,

 

Nous espérons vous trouver tous en grande forme, la tête pleine de projets pour aborder la saison estivale.

De mon côté, je me décide à poster quelques nouvelles pour les personnes parmi vous qui ne nous ont pas oubliés et qui nous envoient encore, parfois, un petit mot.

Neuf mois que nous sommes rentrés! Le temps d'une grossesse...

L'heure de l'accouchement a sonné. Mais il n'y a rien. Pas de nouveau bébé. Pas de projet. Pas de certitudes. Pas l'ombre d'un départ. Rien. Le néant.

Nous ne sommes partis qu'un an mais ce départ faisait déjà suite à une profonde remise en question par rapport au sens de la vie. Nous avons expérimenté autre chose et vécu en mettant en avant d'autres priorités que celles que nous avions avant le voyage. Nous savons que d'autres voyageurs, voire certaines familles d'expatriés, ont difficile à recouvrer un équilibre une fois de retour et ce, quelle que soit la durée de vie ailleurs et quel que soit cet “ailleurs”. Certaines autres familles se réadaptent rapidement et reprennent leur existence d'avant. D'autres familles ferment une fois pour toute la parenthèse, d'autres encore repartent, d'autres enfin partagent leur ressenti avec des familles 'qui peuvent comprendre' et enfin, moi, je décide de partager notre vécu sur notre blog car, si il est bien une question qui inquiète les futurs voyageurs, c'est celle du retour!

Nous n'avons pas vécu que des moments faciles en voyage, ceux qui nous ont suivi et qui nous ont lu le savent bien. Par contre, même en Iran, nous nous sommes sentis libres en ce sens que nous pouvions dormir quasiment n'importe où, que nous pouvions organiser nos journées comme bon nous semblait et que si je devais porter le foulard, je ne devais par contre porter aucun masque puisque je pouvais être moi-même.

Par ailleurs, nous n'avions aucune obligation à cotoier des gens que nous n'avions pas envie de voir. Souvent, les gens venaient vers nous et nous offraient de partager une parole, un thé, un repas, une nuit dans leur maison, … Pas d'engagement, pas de vaines promesses, pas d'attente. Carpe diem, dans le respect de la différence. Libres ils sont de garder contact avec nous au delà des frontières. Libres nous sommes de faire de même. Et aujourd'hui encore, nous avons des contacts avec des Iraniens, des Syriens, …

Se réveiller chaque matin dans un nouveau lieu nous émerveillait et nous offrait chaque jour de nouvelles choses à découvrir. Des nouveaux challenges, aussi: une nouvelle langue voir un nouvel alphabet, de nouvelles rencontres, des tracasseries administratives, … Mais du changement, toujours. Rien n'était jamais monotone même si nous avions une certaine routine dans le camion...

Casimir a deux nouvelles copines, des lapines bélier prénommées Noisette et Chataigne.

 

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Nicolas et Romane réussissent toujours très bien à l'école. Romane poursuit sa quatrième année et apprend de nouvelles choses. Nicolas, en sixième, ne fait que revoir ce qu'on lui a enseigné l'an passé. Il passera son CEB dans quelques semaines. Ils ont des amis et les contacts ont repris tout à fait simplement. Ils font du sport et Romane apprend à jouer de la flûte traversière. Et puis, il y a le reste. Ce qu'on aime beaucoup moins... Ils savent que jouer avec des simples cailloux sur les bords d'une rivière est un jeu de bébé, que ne pas possèder un iphone voire un ipad à onze ans fait d'eux des loosers, que si les parents refusent qu'ils jouent à GTA, c'est que ces derniers sont des c..., que l'école est obligatoire mais qu'il faut se battre pour pouvoir s'inscrire dans une école qui soit à la fois de qualité et proche de chez soi, que papa peut avoir une contravention en roulant à du 140 la nuit sur une autoroute déserte mais qu'un autre conducteur, qui tue un enfant en conduisant ivre sera innocenté, … et puis, ils voient et analysent ce que nous, les parents, vivons.

Silvio, bon petit soldat, a repris son travail. Il quitte la maison très tôt, pour rentrer très tard et assez fatigué. Le week-end, comme tout le monde, on court partout pour faire ce qui n'a pas pu être fait en semaine. Il ne se plaint pas. Jamais. Ce n'est pas son genre... Il se contente de regarder les camping-car des touristes hollandais sur le sol belge et analyse le bivouac qu'ils se sont choisis. Les vieux reflexes reprennent le dessus.

Pour moi, toujours contestataire, les choses se sont passées autrement.

Je terminais une formation de cinq ans avant notre départ. Je m'attendais à obtenir mon diplôme à mon retour. Il n'en fut rien, magré d'excellents résultats. Les formateurs ont changé les règles du jeu en cours de cursus et qui ne fait pas leurs quatre volontés voit son diplôme pris en otage. Peu de recours possible. Et de toute façon, qui a déjà eu affaire à la justice belge ne se risquera jamais à porter l'affaire au tribunal. Ils le savent et en profitent. Cela se passe en Belgique, en 2011! Nouvelle leçon de choses pour nos enfants: vous étudiez pendant cinq ans, ne manquez pas un cours, rendez tous vos devoirs dans les temps, faites de superbes résultats et, bien sûr, payez des sommes assez consquentes mais n'obtenez aucun diplôme. Il va leur en falloir, de la volonté pour faire des études après ça!

Autre fait notoire, je me suis faite licencier. Par mon voisin devenu directeur pendant notre absence (c'est bien ma chance d'être tombée sur lui alors qu'il y a onze millions d'habitants en Belgique!). Après onze ans de boite dont un réengagement après un départ volontaire. Sans autre raison sur le C4 que “mésentente” (après onze ans, il était temps de s'en rendre compte!). Sans jamais avoir reçu une quelconque remarque. Jalousie? Toujours est-il que j'ai été remplacée par quelqu'un de moins qualifié que moi. Et que ma chef de service, également moins qualifiée et qui commet erreur sur erruer, est toujours à son poste. C'est comme ça, dans certains centres médicaux en Belgique. On peut commettre toute les erruers qu'on veut tant qu'on ne remet pas le fonctionnement de la boite en question. Et tant pis si des enfants meurent ou si d'autres rentrent en week-end pour se faire sexuellement abuser à deux ans. C'est dur à lire mais ce sont des faits rééls.

Pendant plusisuer mois, j'ai été détruite psychologiquement. Jusqu'au jour où j'ai compris qu'en fait, mon licenciement était une chance. Bon, je ne peux pas me la couler douce au chômage car je suis infirmière et l'onem se charge de me trouver du boulot, tous plus foireux les uns que les autres. En cas de refus, je me fait à nouveau licencier. Du chômage, cette fois. Donc, je préfère me détacher de cet organisme même si les fins de mois sont moins roses qu'avant. Mais bon, en contrepartie, je ne suis plus complice de leurs agissements. Je ne passe plus ma vie à essayer de la gagner. Je ne paye plus des frais de déplacements exhorbitants pour avoir le droit de travailler et d'être taxée à 55%, mes gamins ne passent pas leurs vacances à la plaine, je fais mes courses autrement, je chine et restaure différents petits objets, … Je suis passée experte dans l'art de la procrastination. Bref, je vis un peu comme en voyage: je fais le minimum obligatoire et le reste de temps, je gère à ma guise. Je fréquente qui je veux, je souris à qui j'ai envie, … Je ne dois rien à personne.

Mais que dire, une fois encore, à nos enfants? Travailler bien, ne soyez jamais malades, soyez juste et ayez une certaine éthique personnelle ainsi vous vous ferez licencier!

Si Romane est encore loin de toutes ces considérations, Nicolas, toujours aussi épris de justice, est révolté...

Les gens veulent entendre qu'ici, en Belgique, on est bien. On est même mieux que partout ailleurs, il paraît... Peut-être. Mais ailleurs, on ne nous a pas fait le mal qu'on nous a fait en Belgique en quelques petits mois. Ailleurs, on n'a jamais ressenti la solitude ressentie ici alors qu'ailleurs, on ne connaissait personne. On nous parle de ce que la Belgique offre sur le plan social. On entend mais on n'y croit pas. On n'a jamais rien eu, aucune bourse, aucune prime, juste un credit-temps, largement payé par nos multiples cotisations et taxes. Maintenant que je vivrais bien du chômage, je n'y ai pas droit. Par contre, Silvio a toujours le droit de cotiser... Idem pour les pensions.

Après neuf mois, on continue à se faire insulter alors qu'on n'oblige personne à nous fréquenter. Toutes ces insultes nous blessent. Certaines nous font sourire aussi. Ainsi, un membre de notre famille qui nous traite de 'raciste'.

On a changé de nom aussi. Nous nous appellons “ça”. Parce que quand on a voyagé, on ne peut plus se plaindre de rien. Si vous trouvez que le pain coûte cher, on vous répond “Ca sait faire le tour du monde – ce qui est faux pour tout qui connait un tant soit peu sa géographie – et ça rouspète sur le prix du pain”. Si vous trouvez superflu de payer l'ipad dont je parlais plus haut à votre fils, vous entendez: “Ca sait s'acheter un camion mais ça refuse de gâter son enfant”... C'est d'ailleurs vrai, 'gâter' notre enfant et en faire un fruit pourri avide de posséder n'est pas vraiment dans nos projets...

 

Alors, nous ne savons pas encore quoi faire de notre vie et qu'elle direction lui donner... Repartir? “Ca” n'a plus de sous, surtout depuis le licenciement. Déménager et aller élever des biquettes dans un trou perdu en France? “Ca” y pense. Tout revendre ici et créer un autre projet de vie ailleurs? “Ca” y réfléchit. Le tout est de trouver NOTRE solution, celle qui satisfera tous les membres de la famille, qui, bien entendu, pour compliquer encore les affaires, ont des aspirations différentes.

Ce qui est certain, c'est qu'il est urgent pour nous d'arrêter un projet.

Ce qui est certain également, c'est que sans nos amis, nous ne serions plus là. Parce que si nous avons perdu bons nombres d'amis d'avant, nous en avons rencontré d'autres qui sont formidables.

Merci donc à nos parents, à mes frères et à ma belle-soeur. Merci aux autres voyageurs, passés, présents ou futurs avec qui ont peu passer des heures à se souvenir. Merci à Valérie, Selim, Petra, Michel, Valérie, Brigitte, Florence, Christian, Carine, Marie, Laureline, … Et tout ceux que j'oublie.

Merci pour tout et surtout, merci d'être simplement présents.

 

 

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12 février 2011

Echange

Bonjour  tous,

Nous cherchons toujours à vendre Baloo ou à l'échanger contre un fourgon 4X4 soit en parfait état, soit aménagé impécablement partiellement ou totalement.

Nous attendons les propositions.

Baloo est homologué en Belgique et en Suisse, ce qui devrait faciliter son éventuelle homologation en France.

Nous avons toujours hâte de repartir...

En espérant pouvoir bientôt vous raconter nos nouvelles aventures...

26 décembre 2010

Echange

Bonjour à tous,

Nous vous souhaitons une excellente année 2011 pleine de projets et, pourquoi pas, de voyage.

Baloo n'est plus seulement à vendre, il est surtout à échanger. Nous souhaitons conserver un véhicule mais en posséder un qui soit plus petit et plus léger. Pas de problème si le permis camion est toujours nécessaire. Par contre, le 4X4 est impératif.

Nous sommes à l'écoute de vos propositions...

26 août 2010

Baloo est à vendre!!!

Bonjour à tous,

Comme nous ne pensons pas repartir tout de suite, ni de la même manière; Baloo est à vendre. N'hésitez pas à nous contacter si votre intérêt est réel...

Camion/CampingCar SAURER 4 x 4

Après 13 mois de périple en Asie Mineure, Moyen Orient, Caucase et Europe, nous revendons notre 'maison mobile'.

Le véhicule est homologué en Suisse et en Belgique (je l'ai importé en 2008 et homologué en B. en 2009). La conduite est à droite du fait de sa destination première: rouler en montagne ... ce qui permet d'améliorer nettement la visibilité en bord de route (ravin ou paroi rocheuse) dans les pays de conduite à droite.

Expérience en 4x4 avec ce véhicule:

> routes de montagnes (caillasse, pierre, roches, ...);

> lits de rivière (gallets);

> tout-terrains divers (champs, boue, chemins de terre);

> pistes de sables, plages .

Cellule de vie:

-  5 couchettes permanentes (+1/2) (*)

- Lit 2 personnes: sens transversal

- Lit 2 personnes: sens longitudinal divisé par une cloison rabattable (pour espace de jeux  enfants)

- Grand lit 1 personne en capucine (*) -peut éventuellement servir pour 2 petits enfants-

. Cuisine comprenant:

- 3 becs de cuisson au gaz

- Four au gaz

- Frigo tri-énergies Electrolux

- Évier / Mitigeur

- Nombreuses armoires de rangement

. Salle de douche / WC:

- Douche – mitigeur

- Tablette

- WC type porta-potti avec système aérateur S.O.G.

. Dinette

- 2 tables pouvant accueillir jusqu'à 8 personnes

- 2 grandes baies vitrées en double-vitrage sécurisé

- Coffres de rangement + coffre sécurisé

. Eaux:

- Réservoir d'eau propre réalisé en INOX – 250L.

- Réservoir d'eau usagée: 90L.

- Pompe Jabsco 9l/min

- Chauffe-eau ATI type Nautique de 30L. (échangeur sur circuit de refroidissement du moteur en fonctionnement normal / avec résistance électrique (220V) en cas de long stationnement).

. Gaz:

- Logement pour 2 bombonnes de 13kg

- Détendeur / Régulateur TRUMA Trio-Matic: basculement automatique vers la bouteille pleine

. Électricité:

- Panneaux solaire de 85 W

- Module de gestion du circuit 12V

- Batteries: 2 x  75Ah – 12V en parallèle, changées en janvier 2010.

- Transfo/Onduleur 12V-->220V –  600W

- Panneau synoptique de gestion des circuits

- Diverses prises 12V et 220V dans la cellule

. Chauffage par air pulsé TRUMA au gaz, thermostat / commande électronique

. Autoradio Blaupunkt

. Passage vers la cabine de conduite;

Porteur:

Camion Saurer D 290 N;

Origine: Suisse;

Année: 1980;

Moteur: 12L - 6cyl – 290CV;

Km: Châssis 450.000 / Moteur 150.000;

Transmission: 4x4 permanent;

Blocage de différentiels: arrière et central;

Roues arrières jumelées;

2 Pneus avant changés en 2009 – excellent état;

4 Pneus arrières + 2 de réserve en très bon état (1 monté sur jante en roue de secours);

Possibilité d'attelage remorque poids lourd

Accessoires:

4 plaques de désensablage en acier;

Gros outillage: hache, pelle, ...

1 roue de secours montée + un pneu additionnel;

Pièces de rechange;

Réservoir WC additionnel ;

Pare-choc arrière court de remplacement.

I'm speaking ENGLISH

Ik spreek NEDERLANDS

Ich spreche DEUTSCH

Voir album photo 'Le camion' pour des photos d'intérieur et de mise en situation sur terrain.

10 août 2010

Le retour

Bonjour à tous,

Voici ce qui sera probablement le dernier message de ce blog…

Tout d’abord, les kangourous sont des wallabies résidant au jardin des kangourous dans les environs d’Angers. Pas d’Australie, donc. Vous êtes quelques-uns à avoir pensé à un canular. Bravo à vous !!! Pour les autres, ceux qui nous ont félicités pour ce sursaut de voyage, pour ceux qui espéraient lire nos aventures du bout du monde, ce n’est que partie remise. Nos têtes sont pleines de projets, nous aimerions repartir – enfin, pas Nicolas – et l’Australie fait partie de nos désidératas communs. Le problème, hormis le refus de notre fils de redevenir nomade, réside, comme toujours, dans l’aspect financier. Mais bon, si nos généreux lecteurs veulent faire un geste en finançant une partie de notre prochaine escapade, qu’ils se sentent libres, nous sommes preneurs J. Pardon, en tout cas, à ceux qui ont cru au canular…

Nous avons passé notre dernière semaine en ‘pèlerinage’ chez d’autres voyageurs, sachant que ce serait une ultime occasion pour nous de partager le vécu du voyage tout en étant compris et en restant néanmoins intéressant pour notre entourage. Baloo a d’abord posé ses roues en Allemagne pour un court séjour chez nos amis allemands Bernd et Bärbel, rencontrés aux EAU et en Syrie et devenus nos modèles, en France ensuite avec les retrouvailles de deux familles. Les ‘Philéas’ que nous avions rencontrés en Turquie, aux EAU et en Syrie et qui vivent dans la région d’Orléans ; les ‘Theliot’ ensuite, rencontrés virtuellement un an avant le départ et retrouvés à deux reprises en Turquie. Une excellente semaine dont nous souhaitons garder les souvenirs pour nous seuls ! Ensuite, les routes commencent à se défoncer, les graffitis apparaissent sur les parkings d’autoroutes et les toilettes deviennent repoussantes… C’est un signe, nous arrivons en Belgique ! Le ciel est déjà gris, alors que le soleil brillait sur Angers. Bienvenue chez nous !!!

Moins gai, donc, nous sommes de retour. Quoique, les enfants sont tout fous…

Nicolas est ravi. Il a retrouvé ses ‘Légos’ qui lui manquaient tant. Il sème à qui mieux mieux ses jouets dans sa chambre pour marquer son territoire.

Romane danse presque sur place, elle profite de l’espace.

Silvio et moi, sommes là, tout bêtes à ne savoir que faire.

Heureusement, nos parents nous accueillent ainsi que quelques voisins et amis. Un point positif. Très important, ce soutien là. Capital, même !

Nous avions loué notre maison et elle nous revient quasiment intacte. Nous voici rassurés sur ce plan-là également. Elle est restée meublée, il ne nous reste plus qu’à vider les dizaines de caisses de livres, d’effets personnels, de jeux, …

La semaine passe vite, nous retrouvons Casimir, notre cochon d’Inde et nous sommes invités à gauche et à droite et invitons également. Nous en profitons au maximum car nous avons conscience que cet engouement pour nos modestes personnes n’est que passager.

Les enfants s’ennuient déjà : copains en vacances ou en stage pendant que les parents travaillent, grisaille et pluie, besoin d’être près de nous et de rester ensemble comme en voyage, flegme de vider et de ranger leurs caisses ou de sortir leurs affaires de Baloo.

Baloo, justement, est vidé dans les quarante-huit heures de notre retour. Presque plus de traces du voyage. Personne n’y retourne et, quand par hasard, on s’aperçoit que nous avons laissé dedans quelque chose dont nous avons besoin, on se chamaille pour ne pas avoir à aller le chercher dans le camion. C’est que retourner dans Baloo est compliqué. Que de souvenirs, que de moments partagés ! Des ‘bons’, meilleurs que les ‘bons’ d’avant et des ‘mauvais’ pires que les ‘mauvais’ d’avant. Car tout est vécu en puissance quand on est seuls à quatre pendant un an dans quelques mètres carrés. Peu de soupapes pour évacuer les pressions. Quant au fait que nous ayons le plus grand jardin du monde, cela nous fait juste prendre conscience que nous ne sommes rien.

La Belgique n’a pas changé en un an. Les gens râlent sur le climat qui est nul pour un mois d’août, critiquent les politiciens qu’ils ont eux-mêmes choisis, parlent foot et taille de haies. Nous avons été accueillis partout (sauf en Europe) mais ici, certains voisins rechignent quand nos enfants mettent un pied dans leur jardin, sans même se rendre compte que les leurs sont régulièrement chez nous. Nous avons d’autres amis. Ceux avec qui nous partagions tout avant sont parfois ceux qui ne nous ont pas adressé un seul mail en un an. Ceux que nous ne faisions que croisez dans la grande surface locale nous ont suivi avec grand intérêt. Cela donne lieu, naturellement, à un rééquilibrage. Nous comprenons que certains ne puissent pas s’intéresser au voyage mais acceptons difficilement que nous soyons devenus à ce point quantité négligeable à leurs yeux parce que nous avons pris la décision de partir et qu’ils ne peuvent pas la comprendre. Nous sommes ici mais encore trop loin d’eux. Cette année nous a obligés à reconsidérer un tas de choses, sur nous-mêmes, sur nos proches et sur les gens rencontrés. On a évolué et nos esprits se sont ouverts. Ici, rien.

Heureusement, on s’aperçoit bien vite que d’autres voyageurs et certains expatriés de retour en Belgique ressentent les mêmes choses que nous, bien que rentrés depuis plus longtemps. On se rassure ; nous ne sommes pas seuls. On s’inquiète ; si ils ne se sentent pas encore à leur place ici, combien de temps nous faudra-t-il ?

Le voyage en quelques chiffres :

-        384 jours et

35 990 kilomètres

hors Inde et Sri Lanka.

-        27 pays traversés dont 10 en Asie (Caucase, Proche-Orient et sous continent indien) et 17 en Europe (dont 6 déjà connus).

-        Près de 60 000 photos ou vidéos prises.

-        7 religions côtoyées : catholicisme, orthodoxie, protestantisme, islam chiite et sunnite, bouddhisme, hindouisme, sans compter les athées et les philosophes

Par rapport à Baloo, nous ne déplorons aucune crevaison et aucun problème majeur. L’entretien de base : eau de refroidissement, vérification des huiles, … Juste une panne de batterie lors de notre retour d’Inde et du Sri Lanka. Baloo ne semble pas avoir apprécié que nous le laissions un mois et demi seul. Il était pourtant en de très bonnes mains à Abu Dhabi. Pour ce qui est de l’intérieur de notre maison roulante, nous avons également dû changer les batteries et nous devrons remplacer la pompe à eau. Le frigo, qui faisait des siennes au début du voyage, s’est tenu à carreau les onze mois suivant.

Autre chapitre ; la santé. Rien de fâcheux et presque rien dans l’absolu. Bien moins qu’en Belgique, en tout cas.

Trois jours de douleurs abdominales et de diarrhées pour Nicolas en Turquie et la même chose pour Romane en Iran, une nuit où Silvio et moi avons été très mal sur le plan digestif aux EAU. Cela tout en ayant mangé dans divers restaurants en Inde et au Sri Lanka, du plus chic au plus glauque, en étant continuellement invités dans certains pays, en achetant nos viandes aux boucheries locales où cette dernière pend à des esses au milieu des mouches, … Quant aux piqures ou morsures d’insectes ou de serpents, rien en Asie, une piqure de taon pour moi en Slovaquie avec douleur atroce, gonflement, … et deux morsures d’araignées, toujours pour moi, en France, avec gonflement des deux mollets, œdèmes, douleurs et difficultés pour marcher. Sur le plan ORL, un rhume à déplorer dans le Nord de l’Iran, après être passés de quarante degrés à moins huit en vingt-quatre heures (soit le temps nécessaire pour retrouver nos vêtements d’hiver !). Ne sont donc pas forcément dangereux les pays que nous pensons.

A ce propos, nous cherchons à revendre nos boîtes de Malarone°, Paludrine°, Nivaquine° et Doxycycline°. Encore dans leur boite, non périmés et bien moins chers qu’en pharmacie.

La sécurité, enfin…

Certains m’ont reproché de critiquer la Belgique avant notre départ et de ne mettre en évidence que les points sombres de notre plat pays. L’idée n’était pas juste de critiquer mais de relativiser ce qui habite l’imaginaire collectif. La Belgique n’est pas le paradis, pas plus que la France. La petite ou la grande délinquance y est quotidienne. De notre côté, alors que des amis se faisaient cambrioler en Belgique et dans le BW, nous ne nous sommes jamais sentis en insécurité dans les pays d’Asie. Nous nous sommes garés où bon nous semblait, nous avons logé chez des tas de gens, jamais nous n’avons été volé, agressé ou même ennuyé. Qui oserait, ici, faire de l’internet sur ses genoux, sur les bords d’un trottoir une fois la nuit tombée? Aux EAU, à Oman, en Jordanie, en Syrie, … c’est possible, nous l’avons fait. Qui se sent à l’aise à Bruxelles à minuit et à pieds ? Silvio n’a pas ressenti de crainte à cette heure là, seul, dans l’inconnue et tentaculaire ville de Mumbai. Certes, il peut y avoir des gens malhonnêtes ou dangereux là aussi mais nous pensons que ce qui effraie vraiment, ce ne sont pas les faits en eux-mêmes mais l’inconnu. Or l’inconnu fait moins peur une fois connu. Si vous lisez d’autres blogs ou sites de voyageurs, vous remarquerez que la plupart n’ont pas eu de soucis, si ce n’est de se faire cambrioler le jour de leur retour devant chez eux. Nous parlons de voyageurs, pas de touristes. Le terme ‘touriste’ n’est pas péjoratif, c’est juste qu’avec le voyage, on apprend et que les choses deviennent naturelles. On n’avait pas de chaussures ni de vêtements de marques, pas de montres voyantes, pas d’appareils photos dernier cri, jamais beaucoup d’argent sur nous, et le PC  c’était dans les pays presque cent pour cent sûr.

Reste le terrorisme, la police, les régimes dictatoriaux, … Combien ont eu peur pour nous en Iran ? Ou en Syrie ? Ou avant notre traversée avortée de l’Arabie Saoudite ? Par rapport au dernier pays cité, nous ne savons pas grand-chose sinon que les douaniers au poste frontière nous ont nourris et abreuvés durant toutes les démarches visant à nous obtenir une dérogation pour notre volant à droite. Pour la Syrie, si le gouvernement est sensé représenter le peuple, l’inverse est inexact. Les Syriens sont merveilleux et nombres de pensionnés Français ou Italiens l’ont déjà compris et sillonnent le pays en camping-car. Reste l’Iran. Nous ne nierons pas qu’il y a des problèmes et que ces problèmes génèrent une certaine tension chez le voyageur. Nous affirmons que la police et la milice sont présentes partout et vous contrôlent : la police militaire, la police de la route, la police des mœurs, … Nous confirmons avoir passé quatre heures dans divers postes à l’aller (pour des vérifications) et avoir eu un gros souci au retour mais… La majorité des Iraniens rencontrés ont été bons pour nous et nous ont aidés, rassurés, traduits les demandes, … Nous avons reçu des pop corn et du jus de fruits au poste pour nous faire comprendre que notre arrestation, certes spectaculaire pour des Occidentaux, n’était pas contre nous mais contre la menace occidentale en général. En Iran, il faut savoir où on met les pieds et les roues, ce qui est difficile pour qui ne lit pas et ne comprend pas le farsi. En Iran, surtout, il faut respecter les règles et ne pas se risquer dans les régions interdites ou dangereuses. En Iran, enfin, il faut accepter que les locaux nous perçoivent parfois comme la majorité d’entre nous perçoivent les Iraniens ici. Combien d’immigrés dans nos pays ne se plaignent-ils pas d’être contrôlés abusivement par la police ? En Iran, les étrangers, c’est nous ! Et les Iraniens ont autant d’informations erronées sur l’Occident que nous en avons ici de l’Iran. Bref, cela n’est pas prêt de s’arranger…

Non, l’insécurité, nous l’avons ressentie un peu en Albanie et en Bosnie-Herzégovine et également au Monténégro (coups de feux à côté du camion). En arrivant en Belgique, aussi, via l’autoroute Valenciennes/Mons où les parkings ne sont pas soignés du tout et ne donnent guère envie de s’y arrêter.

Notre petit bilan tout frais :

Nos coups de cœur :

R : Oman

N : EAU

F : l’Iran et la Syrie

S : l’Iran

Attention, coup de cœur ne signifie pas pays préféré ! Ces derniers sont difficile à déterminer car il y avait du bon dans chacun. Le coup de cœur va à celui qui nous a le plus surpris, le plus offert, …

Les plus belles natures :

R : Oman et Arménie

N : EAU

F : Sri Lanka

S : Sri Lanka                                  

                                       

Les pays les plus étonnants :

R : l’Inde

N : les EAU (oui, le petit fait une fixation sur ce pays !!!).

F : l’Inde

S : l’Inde

Les pays asiatiques les plus aimés, ceux où on souhaiterait retourner :

R : EAU et Arménie

N : devinez ? Les EAU, bien sûr !                                                                                                

F : Oman

S : la Syrie

Les pays les moins aimés :

R : l’Inde

N : l’Inde

F : ?

S : ?

Pas simple, on vous l’a dit, il y a du bon partout…

Les pays les plus accueillants :

Il y en a beaucoup…

L’Iran est champion toute catégorie, la Jordanie et la Syrie ainsi que les EAU et Oman se défendent très bien. En Europe, l’accueil est quasi inexistant sauf en Roumanie. Dans le Caucase, il existe bel et bien mais de manière moins prononcée et dans le sous continent indien, il n’existe que si vous êtes prêts à payer quelque chose… Ceci reflète notre vécu, pas forcément celui de tout le monde.

Les plus belles villes :

R : Damas

N : Dubai

F : Ispahan et Damas, Vérone et Venise en Europe

S : Ispahan et Alep, Vérone et Venise en Europe

Les villes les plus spectaculaires :

R:

Dubai

N:

Dubai

F:

Dubai

et Mumbai

S: Mumbai

Les animaux préférés:

R : les dromadaires et les faucons

N : les dromadaires et les chevaux

F : les dromadaires, les écureuils d’Inde et du Sri Lanka et les petits singes de ces deux pays

S : idem

Nos pauses’ nature’ préférées :

R : les wadis émiratis et omanais et le lac Sevan en Arménie

N : le wadi Shuweiyah à Oman et Palmyre en Syrie

F : le wadi Shuweiyah et le wadi rum en Jordanie

S : le wadi shuweiyah et le wadi rum

Vous noterez que pour une fois, on a tous un point commun ;-).

La nourriture préférée :

R et N : la nourriture des Emirats parce qu’on trouve de tout comme ici !

F et S : la nourriture indienne

Les moins bonnes routes :

En Europe, l’Albanie est championne.

En Asie, le titre est disputé par l’Inde, l’Anatolie orientale en Turquie, la Géorgie et l’Arménie.

Les bonnes surprises européennes (ben oui, quand même !) :

R et N : la Croatie

F et S : la Bulgarie et la Roumanie centrale

Un mot encore au sujet de l’  « Opération Crayons » : Cette dernière a connu son petit succès. Nous ne sommes pas toujours bien tombés par rapport aux dates de vacances scolaires compte-tenu que nous sommes restés longtemps aux EAU où les enfants n’ont pas besoin de grand-chose. Par ailleurs, être partis en Inde et au Sri Lanka en avion nous a limité dans nos bagages. Nous avons cependant distribué du matériel dans une école de Madurai en Inde, et dans celle de Sanahin en Arménie. Nous en avons laissé en Jordanie, dans le Wadi Rum, à Aliya et à Nadja pour partager avec leurs camarades d’école, en Syrie à des instituteurs chez qui nous avons été invités, dans la plaine turkmène iranienne au maire de Qareh Maker ainsi qu’au village d’enfants SOS d’Aqaba. Encore un immense merci à tous les donateurs.

En conclusion, nous aimerions dire que rien n’aurait été possible sans certaines personnes. Nous tenons à remercier un tas de gens mais avons peur d’oublier quelqu’un, nous préférons ne pas citer trop de noms…

Mais quand même :

Merci à toi, papa, pour tout !

Philippe et Rachida pour une partie du reste ;-)

Nos aides : Pranarom, Michelin, CBT, …

Les gens qui nous ont aidés pour le pare-choc, l’homologation, les conseils pratiques, …

Les voyageurs nous ayant précédés ou encore en voyage pour tous les filons et pour les infos fraîches.

Toutes les personnes nous ayant accueillis, logés, nourris, blanchis, … Ils sont très nombreux.

Le couple ayant accueillis Baloo et, du même coup, nous ayant permis de visiter l’Inde et le Sri Lanka.

Et vous, enfin, qui avez fait vivre ce blog en nous suivant et en nous laissant des commentaires.

Plein de mercis !!!!

Nous voulons tenter de garder les yeux ouverts et continuer à nous émerveiller sur ce que nous voyons, même si le fait de se réveiller chaque matin avec une vue différente et une nouvelle journée de découverte nous manque déjà.

En cadeau, nous vous laissons le plus beau regard que nous avons croisé ; celui d’Aliya.

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Silvio, Françoise, Nicolas et Romane revenus grandis et enrichis à défaut d’être revenus meilleurs ;-).

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28 juillet 2010

Devinette

Bonjour à tous,

Juste un petit mot pour vous poser une petite devinette suite à un rebondissement de situation...

Nous étions chez des amis, en France, lorsque nous avons eu vent d'une offre exceptionnelle pour une destination lointaine. Peu enclins à rentrer de suite, nous nous sommes envolés vers...

Quel pays avons-nous la chance de découvrir brièvement?

Quelques indices:

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Bonne chance, nous attendons vos réponses!

26 juillet 2010

Des photos, encore et toujours...

Les photos de Roumanie sont à présent disponibles dans l'album 29 et celles de Hongrie, Slovaquie et Pologne, dans l'album 30.

Au plaisir!

26 juillet 2010

Roumanie et suite

Bonjour à chacun,


Nous voici en Roumanie!

Dans l'imaginaire collectif, la Roumanie se limite aux filles soldées le long des routes, aux Roms et à la dictature la plus répressive d'Europe.

Si vous le voulez bien, zoomons un peu pour élargir la gamme de ces idées reçues.

D'abord, pour arriver en Roumanie en venant de Bulgarie, il faut passer de l'autre côté du Danube (ni bleu, ni beau à cet endroit, halte-là à une autre idée fausse!) qui dessine naturellement la limite entre les deux pays. Pas question de passer à gué, même avec Baloo! Donc, on emprunte un pont et ce passage de trois minutes montre en main vous allège de vingt-cinq euros. Là, vous comprenez que l'Europe et ses prix fous sont bien arrivés jusqu'ici!

Nous retrouvons l'écriture latine et découvrons une langue qui s'apparente à l'italien. Le Roumain est une langue romane alors que le bulgare est une langue balto-slave. Les consonances nous sont plus familières, on comprend presque complètement les affiches publicitaires et on devine plus facilement ce que les gens nous disent.

En Roumanie, les charrettes tirées par les chevaux sont partout ou presque. Elles sont interdites sur les grands axes, ce qui est une bonne chose pour les chevaux parfois terrorisés par le nombre impressionnants de semi-remorques. C'est que la Roumanie est un pays de transit très important, entre la Bulgarie et la Turquie au sud, la Moldavie et l'Ukraine à l'est, la Pologne au nord, ... L'ouverture des frontières facilite l'entrée en Roumanie mais la mise à neuf du réseau routier ne suit pas. Il n'y a pour ainsi dire aucune autoroute, ce qui fait que tous ces camions transitent par des routes nationales, coupant en deux et défigurant nombre de petits villages. Moi qui suit à gauche, je vois ces poids lourds nous frôler sur des routes où une seule bande est prévue dans chaque sens de circulation. Je tremble de peur lorsqu'ils nous dépassent en plein tournant, ne respectant aucune des limitations de vitesse fixées et lorsqu'ils se rabattent alors qu'ils ne sont pas encore totalement devant nous. Rois de la route, certains camionneurs nient purement et simplement les autres usagers. Effrayant les chevaux, comme les cyclistes ou les mamans avec des poussettes, ils tracent la route, alignent les kilomètres, klaxonnent sur tout ceux qui dérangent, engueulent et, grande première du voyage, n'hésitent pas à tendre un doigt vulgaire. Si les camionneurs Roumains sont des conducteurs dangereux, la palme de l'agressivité revient ici aux Turcs.

Nous détestons ce genre de routes, particulièrement stressantes pour Silvio qui conduit et pour moi qui rabat sans cesse le rétroviseur au cas où. Comme si cela ne suffisait pas, les routes tournent tout le temps et les enfants ne savent rien faire pour s'occuper.

Nous souhaitons arriver en Transylvanie, région de montagnes qui a obtenu notre faveur pour cette première découverte du pays. Pour ce faire, il nous faut contourner et laisser derrière nous Bucarest.

Nous prenons le périphérique qui est assez folklorique... Il s'agit toujours d'une route comportant une seule bande de circulation dans chaque sens. La route est mauvaise et d'énormes ornières creusent la chaussée. Ca bouchonne alors que nous ne sommes pas en heure de pointe. Des petits chemins partent sur le côté vers de champs et des tracteurs ou des charrettes s'introduisent vaille que vaille dans le flot continu de la circulation très hétérogène. La ligne de chemin de fer interrompt également à plusieurs reprises le périphérique. Nous y trouvons aussi des prostituées, des femmes Roms qui mendient exactement comme chez nous, en jupes longues et colorées, avec un tout jeune enfant dans les bras, des vendeurs de cliquotes, des chiens errants ou n'errant plus pour cause de décès et, dans ce cas, abandonnés au beau milieu de la route. Triste!

Nous savons que la Roumanie ne se limite heureusement pas à ces images, bien réelles malgré tout.

Nous poursuivons donc vers Ramnicu Valcea où se trouve un musée ethnographique, sachant que les enfants aiment. Nous bivouaquons en face d'une maisons habitée par des Roms. Le voyage, ils ont connu avant de se sédentariser et cela ne leur pose aucun problème. Les femmes de la maison essayent néanmoins de nous vendre bracelets et bagues. Si elles savaient le nombre de ces bijoux qui nous ont été offert dans les pays arabes... Baloo en regorge! Les maisons des Roms sont généralement reconnaissables: situées un peu en dehors des villages, avec un fameux bric-à-brac dans la cour et des enfants qui courent partout dehors. Pas méchants, pas dérangeants et bien sûr, pas voleurs!

Nous arrivons trop tard pour le musée à ciel ouvert et nous le visitons donc le lendemain matin. Le ciel est bleu, nous sommes seuls, des chevaux se promènent librement dans les pâturages, la ballade est agréable.

Nous souhaitons ensuite visiter la ville de Sibiu mais il s'avère extrêmement difficile de se parquer aux abords de la ville et y rentrer est rigoureusement impossible avec un véhicule de plus de trois tonnes et demi, voire de plus d'une tonne par endroit. La Roumanie est le pays le plus difficile que nous avons traversé avec Baloo: soit les routes sont interdites, soit elles sont permises mais la circulation est infernale, soit encore, vous souhaitez acheter un pain sur le chemin mais il est interdit de stationner là où se trouvent les commerces!!! Bref, nous en avons ras-le-bol et quittons toute cette agitation et ces interminables listes d'interdiction pour aller nous perdre dans les profondeurs de la Transylvanie, quitte à retrouver des routes à la géorgienne! C'est plus précisément à Biertan que nous arrivons. Le village est charmant, les rues sont bucoliques et très colorées. Les locaux, très aimables, nous saluent et nous sourient. Ici, le contact est encore possible. Incroyable! Nous sommes ravis. Nous visitons une église-forteresse et dégustons des plats locaux dans un resto qui offre une très jolie vue sur la place du village.

Nous nous baladons également dans le village de Richis, un peu plus loin, parce que nous aimons beaucoup les ruelles paisibles, les couleurs des maisons, les charrettes, les aïeux assis sur les bancs et tout ce qui fait que la vie nous semble, certes rude parfois, mais aussi, vraie.

Nous découvrons encore le château de Calnic avant de parvenir à la petite ville de Sighisoara qui est sur notre route. Nous y trouvons miraculeusement une place pour nous y garer et partons donc à sa découverte. Il s'agit de la ville de naissance du comte Vlad III, dit Dracula! Une fois encore, les maisons sont superbes, les ruelles débordent de fleurs, les églises sont fortifiées, ... Sighisoara possède également un superbe pont couvert en bois. Coïncidence dans ce pays encore si peu touristique, nous retrouvons des vacanciers déjà rencontrés à Biertan. Ca fait toujours bizarre de retrouver des personnes que l'on connaît dans un pays où; à priori, ça ne risquait pas d'arriver!

Nous nous dirigeons ensuite vers Torda où nous savons que nous pourrons découvrir une mine de sel. Les enfants adorent! De notre côté, nous sommes surpris par la profondeur de la mine et par son aménagement. Une fois descendus de nombreuses volées d'escaliers, nous nous retrouvons devant un parc d'attractions miniature avec grande roue, tour en barquettes, mini-golf, bowling... Tout cela est inattendu mais on réalise cependant bien mieux la taille du puits que si il était vide.

Nous avons besoin de nous poser un peu et le bivouac que nous trouvons, en bord de rivière s'y prête bien. Pas de pêche, cette fois, nous avons laissé tomber! Par contre, nous faisons notre dernier (probablement) barbecue du voyage. Le vin est mis à fraîchir dans la rivière, le bois est récolté; ne reste que le feu à allumer... Pas simple vu les nombreux orages de ces derniers jours. Arrive un vacher prénommé Daniel, qui nous salue, et décide de laisser paître ses vaches le temps de réaménager notre tas de bois et de le faire prendre. Nous pensons que Daniel souhaite aussi profiter des saucisses une fois ces dernières cuites mais il n'en est rien. Il demande seulement des pommes de terre. Soit! Il est peut-être végétarien... Mais pourquoi refuse-t-il notre riz? En fait, il nous fait des frites, comme ça, dans un plat qui peut aller sur le feu. Il partage une bière avec Silvio et s'en va comme il est venu, avec ses vaches. Une telle authenticité dans la relation nous plaît énormément. Cela sera-t-il encore possible dans quelques années?

Ce repos nous fait du bien comme l'ambiance paisible qui règne ici et que nous maintenons précieusement le temps de visiter deux petits monastères construits dans un style tout différent de ceux vus en Arménie, Géorgie, Syrie ou encore Bulgarie.

Nous roulons dans les monts Apuseni et arrivons aux grottes de glace de Scarisoara. Surprise! Il y a sept kilomètres de chemin 4X4 à parcourir avant d'y parvenir. Ce n'est bien sûr signalé nul part et cela vaut à bien des automobilistes d'avoir, soit à risquer d'endommager leur véhicule, soit à rebrousser chemin. Pour notre part, nous arrivons à la grotte lentement mais sans soucis. Il fait chaud et lourd dehors, froid et humide dedans, les stalactites et stalagmites sont bien présentes quoique moins impressionnantes que sur les photos du dépliant. Les enfants sont heureux de ce qu'ils voient, nous aussi.

La nature aux alentours est encore belle et sauvage. Une vachère s'approche avec ses vaches et accoste Romane qui joue dehors. Cette dernière m'appelle car elle ne comprend pas la prose de la dame. En fait, nous nous faisons offrir des champignons des bois qui sortent de la poche de son vieux gilet en laine comme par enchantement. Elle me donne tout un cours de cuisine et, en gros, j'en retiens que je dois faire griller mon cadeau avec des condiments. Les champignons s'avèrent délicieux! Le lendemain matin, Silvio ramène des fraises des bois de sa promenade matinale.

Notre séjour roumain se termine par des dernières courses, histoire d'utiliser tous les lei qui nous restent. Sous les yeux étonnés de la commerçante qui fait l'addition au fur et à mesure que nous empilons nos achats sur son comptoir, nous décidons de nos prochains menus.

Nous ne faisons plus de bilan comme nous en avions pris l'habitude dans les pays du continent asiatique car nous ne restons plus aussi longtemps dans les pays et puis, nous ne l'avions pas fait pour les pays visités à l'aller. Nous retiendrons néanmoins de la Roumanie la gentillesse des habitants, la beauté des campagnes et les couleurs des maisons. Un pays loin des clichés que nous nous faisions, qui vaut la peine d'être visité et que nous souhaiterions approfondir lors de futures vacances.


Ensuite, les pays s'enchainent... Vous savez qu'une des choses qui nous plaît particulièrement en voyage est de se réveiller chaque matin avec un nouveau décor devant les yeux, des nouveaux sons, des langues différentes, ... Et là, nous faisons fort puisque, non contents de changer de bivouac chaque nuit, nous nous réveillons aussi chaque matin dans des pays différents!

Ainsi, si le jeudi, nous nous sommes levés en Roumanie; le vendredi, nos yeux se sont ouverts en Hongrie; le samedi, nous étions en Slovaquie et le dimanche en Pologne...

Nous devons avancer et nous approcher de la Belgique tout en préservant une semaine pour la France et surtout, pour les amis voyageurs que nous souhaitons revoir avant de clore notre périple. Si nous traversons tant de pays différents, ce n'est en aucun cas pour augmenter le nombre des pays traversés. Il s'agit en fait de profiter de ce trajet retour pour effectuer un repérage pour nos futures vacances. D'où aussi, la raison pour laquelle nous ne repassons pas par les mêmes pays que lors du trajet aller. Où aimerions-nous retourner? Quels pays rencontrent nos intérêts? Ou nous sentons-nous bien? Ou peut-on encore camper n'importe où? Quels sont les possibilités de rencontres authentiques avec les locaux? Autant de questions qui cherchent réponses... Par ailleurs, nous cherchons également à éviter certains pays, à cause soit, du camping obligatoire pour les bivouacs, soit de l'affluence touristique en juillet, soit du prix excessif des autoroutes pour les camions ou de la difficulté des péages autoroutiers (go-box), soit encore, simplement parce que nous y sommes déjà aller de nombreuses fois (par exemple, la République Tchèque dont nous connaissons bien presque toutes les régions).

Nous roulons donc mais nous ne faisons pas que cela. Je cherche toujours quelque chose à voir sur la route.

Ainsi, notre traversée de la Hongrie s'apparente à une ballade. Le pays est plat, les routes très bonnes, les vélos omniprésents, les bâtiments en bon état et assez semblables à ceux que l'ont peut voir en Autriche (ce qui est compréhensible vu l'Histoire), les jardins entretenus, les tournesols en fleurs... Un pays facile, hormis la langue qui n'appartient plus ni au groupe de langues romanes, ni au groupe des langues balto-slaves mais bien au groupe de langues fino-hongriennes. Donc, à nos yeux, une langue extrêmement compliquée! Notre route nous mène dans les campagnes proches du village de Höllöko, inscrit au patrimoine de l'Unesco. Nous visitons donc ce petit village aux jolies maisons peintes en blanc et aux toits en bois. L'église est d'époque avec son clocher de bois également. Les dames portent encore volontiers le costume traditionnel et les artisans travaillent et vendent leur réalisation sans cependant transformer le village en stand géant de souvenirs pour touristes.

L'entrée en Slovaquie est simple, il n'y a personne dans les gargotes du poste frontière. La Slovaquie impose la go-box pour l'utilisation des autoroutes: une espèce de boite électronique qu'on doit louer sous caution au poste frontière, que l'on charge d'argent et qui se décharge automatiquement à chaque portique autoroutier. Au poste frontière de sortie, on rend la boite, on récupère la caution de laquelle on déduit éventuellement les montants impayés. Bref, ça nous semble bien compliqué et nous décidons de n'emprunter que les routes nationales! La traversée n'est pas bien longue et cela nous permettra de découvrir un peu ce qui se trouve sur notre route. Nous ne possédons pas de carte routière de la Slovaquie mais nous avons Alphonse, notre GPS (parce que 'Fonce, Alphonse') qui nous guide de manière fiable bien que parfois un peu trop fantaisiste à notre goût. Pas de soucis, donc!

D'emblée, nous comprenons que la ballade hongroise est terminée, les routes ici étant moins bonnes et le trafic ressemblant assez à celui que nous avions connu en Roumanie. Nous décidons de faire une pause et de visiter les mines de métaux, propres à la région de Banska Stiavnica. Nous choisissons un musée qui permet une descente dans la mine. Un petit film documentaire introduit le sujet et présente la vie quotidienne dans la mine ainsi que les principaux outils utilisés jusqu'il y a peu par les mineurs. C'est vêtus d'une parka et munis d'un casque et d'une lampe que nous descendons ensuite nous rendre compte de ce que le travail pouvait être dans la mine. Notre guide est gentil comme tout et nous explique tout en anglais, alors que les quelques slovaques qui nous accompagnent doivent se contenter d'un minimum d'explications. Il est clair que les enfants sont bien plus heureux de visiter des mines ou des grottes que des monastères. Ils sont ravis de voir se transformer le voyage en vacances! En soirée, nous visitons la ville de Banska Stiavnica qui est une des plus belles de Slovaquie. Nous retrouvons un peu l'ambiance que nous aimions dans les villes tchèques et, oh surprise, je me rends compte que je suis encore capable de commander en slovaque (qui ressemble très fort au tchèque!) dans un restaurant. La serveuse est tout sourire et essaye de nous adresser quelque mots en français avec un accent épouvantable comme le mien, quand je prononce notre commande en slovaque, doit lui apparaître également!

Nouvelle ballade le matin pour voir la ville sous une meilleure lumière et départ vers la Pologne. En chemin, nous croisons le village de Vlkolinec. Ce nom me dit quelque chose... Je dois l'avoir lu dans le guide... Je vérifie... Il s'agit à nouveau d'un village classé au patrimoine de l'Unesco et qui permet de voir des maisons traditionnelles en bois. Nous allons y prendre une bouffée d'oxygène, au grand dam de Nicolas qui se croyait enfin quitte des visites... La route vers la Pologne passe par les Hautes Tatras et les paysages sont agréables.

Nous retiendrons de la Slovaquie l'ambiance particulièrement décontractée et l'architecture des villes, fort semblables à ce que nous avions vu en République tchèque. Encore un pays qu'il faudra approfondir...

Nous arrivons en Pologne après un contrôle de la douane volante slovaque. Le choc! Même si nous nous y attendions, nous sommes surpris. Nous avions déjà découvert le sud de la Pologne il y a une quinzaine d'années, au milieu des années nonante. Le mur était tombé depuis plus de cinq ans mais la Pologne n'appartenait pas encore à l'Europe. Le tourisme en était à ses premiers balbutiements, les échoppes de jouets en bois se voyaient partout sur les bords de routes, l'autoroute était rare et abimée, les magasins presque vides, ne contenaient quasiment que de l'alcool, du sucre, de la farine et quelques rares boites de conserves, les Fiat 500 peuplaient les avenues... Plus rien de tout cela! Un pays comme les autres; presque l'Allemagne! De la circulation, des villages partout, des bivouacs difficiles car tout est clôturé... Nous trouvons quand même, par deux fois, à bivouaquer à l'orée de la forêt, ce qui nous vaut le plaisir de déjeuner épiés par une biche un peu moins farouche que les autres. La belle se laisse même photographier, avant de déguerpir, affolée par le bruit d'un moteur ronronnant sur la route toute proche.

Le sud de la Pologne, c'est aussi Auschwitz! Nous avions visité les camps d'Auschwitz et de Birkenau (dit Auschwitz II) à l'époque de notre premier passage en Pologne et ces visites nous avaient bien évidemment interpellés. Pour cette année scolaire, nous avons choisi, dans le cadre du cours de morale de Nicolas et de Romane, le thème de la différence qui, nous le pensons, est particulièrement en rapport avec tout ce qu'ils ont vécu durant cette année de découvertes. Le titre de leurs cahiers: 'Vaincre l'indifférence!'. Par ailleurs, Nicolas a vu la seconde guerre mondiale en Histoire. Nous décidons donc d'aller visiter les camps avec eux. Le but étant de les éveiller et non de les traumatiser, nous évitons le film qui décrit notamment les tortures endurées par les prisonniers, ainsi que certaines salles du musée où sont conservés, par exemple, des tas de jouets d'enfants juifs confisqués par les nazis. Les enfants se montrent super intéressés. Ils marchent des kilomètres à Birkenau, posent des questions pertinentes, passent de salle en salle à Auschwitz I, ... Lorsque nous terminons notre visite vers dix-sept heures trente, ils se rendent compte que nous n'avons fait que grignoter quelques biscuits à midi et se trouvent subitement affamés...

Petite anecdote: lorsque nous redémarrons Baloo en vue de quitter le parking, nous nous faisons enguirlander par des camping caristes allemands qui prennent le parking pour un camping et qui sont dérangés par la fumée. Nous pouvons le comprendre! Par contre, nous sommes surpris qu'il ne nous demande pas de partir un peu plus gentiment et que, n'étant pas en Allemagne ni Allemands, ils ne nous parlent pas dans une langue internationale. Nous comprenons l'allemand, là n'est pas le problème. Simplement, ça nous étonne car ils ne sont pas chez eux et, si il y a bien un endroit dans le monde où nous pensions que les Allemands feraient profil bas, c'est ici, à Auschwitz, devant le plus grand camp de la mort!!! Les Polonais détestent entendre parler allemand; nous en avions fait l'expérience lors de notre premier séjour! Quant à nous, nous détestons nous faire enguirlander!

Auschwitz, ça vous marque et ça vous travaille. Les enfants posent des 'Pourquoi?' et attendent des réponses que personne ne peut donner. On a la nausée tant on est écœuré par les crimes nazis, d'autres visiteurs pleurent et l'instant suivant, on se demande si, placés dans des circonstances extrêmes (on pense par exemple aux 'Greifer', dénonciateurs, qui ont parfois agi pour sauver leurs propres enfants), nous aurions pu, nous, rester humains. Si, alors que nous sommes des gens ordinaires, nous n'aurions pas pu aussi devenir des bourreaux. Jean-Jacques Goldman, juif d'origine polonaise, ne chante-t-il pas:

'Et si j'étais né en '17 à Leidenstadt, sur les ruines d'un champ de bataille, aurais-je été meilleur ou pire que ces gens, si j'avais été allemand?'?

Sujet extrêmement délicat... La mémoire est l'outil de la vigilance. Pour cela, il faut que la mémoire reste vivante, à savoir, qu'elle éclaire notre avenir à la lueur du passé. D'où l'importance de préserver les camps d'Auschwitz-Birkenau, classé par ailleurs à l'Unesco, et ce d'autant que les derniers survivants d'Auschwitz ou des autres camps sont de moins en moins nombreux à pouvoir témoigner aux plus jeunes...

Notre voyage se termine par cette dernière visite...

Nous passerons nos derniers jours chez des amis rencontrés durant notre périple et nous vous préparons une petite conclusion que nous vous partagerons lors de notre retour en Belgique.

Bonnes vacances à tous et encore plein de 'MERCIS' à tout ceux qui nous ont suivis pendant cette année!




16 juillet 2010

Photos de Grèce et de Bulgarie

Après quelques soucis de connections, voici enfin l'ensemble des photos de Grèce et de Bulgarie que nous souhaitons vous partager (voir l'album ad-hoc concernant ces deux pays). Entre-temps, nous sommes déjà en Hongrie... La Roumanie vous parviendra dès que j'aurais le courage de m'y mettre sous ces terribles chaleurs de juillet.

Un immense merci à vous qui nous laissez des massages si agréables...

Au plaisir.

14 juillet 2010

Grèce et Bulgarie

Bonjour à tout le monde,


Nous sommes en Europe! Déjà!!! Le jour 347 nous voit traverser la frontière turco-grecque. Plus de visa, plus de démarche, plus un 'bonjour' et encore moins un 'Welcome'. Le proche-Orient est bel et bien derrière nous. Faut dire aussi que les douaniers ne s'intéressent nullement aux personnes qu'ils ont devant eux en chair et en os puisque vingt-deux types qu'ils ne connaîtront jamais personnellement courent derrière un ballon sur leur écran de télévision. Le mondial... La belle affaire...

Nous n'avons pas prévu de visiter la Grèce. D'autres voyageurs, cette fois encore, nous ont précédé et nous ont conseillé de passer notre chemin: trop de touristes dans un pays qui ne l'est déjà que trop. Mauvaise saison... La Grèce, nous imaginons la visiter un jour avec un tout petit véhicule afin de pouvoir circuler aisément d'îles en îles. Nous logerions chez l'habitant, dans les charmantes maisons blanches et bleues, tant représentées sur les cartes postales. La Grèce continentale du nord, que nous traversons, n'a rien à voir avec ces représentations sur papier glacé.

Afin d'aborder la Bulgarie par le sud ouest comme nous le souhaitons, nous roulons sur les excellentes et gratuites autoroutes grecques. Nous ne resterons en Grèce qu'une journée, le temps de voir défiler les champs de tournesols. Ce pays nous fait rapidement comprendre qu'il va falloir se réadapter à bien des choses.

Une reprise de contact avec les grandes surfaces européennes s'imposent; notre petit frigo étant vide. Sur les conseils de nos amis Eric et Elise (coucou!), nous faisons nos courses dans un Lidl, histoire de ne pas avoir un choc trop important sur le plan financier (et encore, nous venons de la Turquie qui n'est point un pays bon marché!). Histoire en plusieurs actes: d'abord, nous rentrons dans le magasin, Romane et moi, et espérons dénicher un panier pour être certaines de n'acheter que quelques victuailles histoire de se sustenter d'ici notre toute prochaine entrée dans la moins couteuse Bulgarie. Nous n'en trouvons pas et devons faire tout un tour pour ressortir du magasin. Ensuite, nous nous retrouvons devant les caddies mais, le chariot que j'essaye de prendre ne veut pas venir, pas plus que son voisin. Je regarde un peu perplexe les rangées de chariots avant de me souvenir qu'en Europe, il faut une pièce pour avoir le droit d'emprunter un caddy le temps de faire ses courses. Evidemment, depuis presque douze mois que nous avons quitté l'Europe, les quelques pièces que nous avons encore sont bien enfouies dans Baloo. Je dois donc échanger un billet. Simple! Eh bien non!!! Je me poste devant les dits caddies et accoste quelques personnes en anglais, mon grec étant excessivement limité. Moi qui pensait avoir eu l'air d'une simple d'esprit en essayant de prendre un caddy sans pièce quelques minutes auparavant, me voici rassurée! Personne ne s'est rendu compte de mon malaise car en fait, je ne suis 'rien' au milieu de cette non humanité, je suis devenue invisible! Non seulement les gens à qui je parle ne me répondent pas mais en plus, certains ne me regardent pas. Je n'ai pourtant pas l'air sale ni dangereuse, je suis avec ma petite fille avec mon billet de cinq euros en main; ma requête me semble évidente. Il y a des jours où on préférerait être une grosse mygale noire et bien poilue, ne fut-ce que pour ne pas connaître cette totale indifférence d'un être humain pour un autre! En cet instant, je préférerais inspirer le dégoût que ce 'rien'! J'aurais aussi aimé que Romane n'assiste pas à tout cela, elle qui ne cesse de demander 'Pourquoi elle te répond pas la femme?'. Que lui répondre?En Syrie, Jordanie, Iran, ... vingt personnes se seraient arrêtées pour nous aider... Mais nous n'y sommes plus... Bredouilles, nous rentrons à nouveau dans le magasin pour demander de l'aide à la caissière qui nous remballe car trois chariots bien remplis attendent que leurs contenus soit scannés. Nous devons faire la file comme tout le monde. Bref, nous perdons encore dix bonnes minutes. Nous avons enfin nos pièces, ressortons du Lidl et allons chercher le précieux caddy que nous ne remplissons presque pas, dégoûtées que nous sommes par tout ce qui vient de se passer comme par le prix débile du litre de lait. Bien sûr, une fois les articles payés, et le choc des prix passés, nous ne pouvons pas avoir de sachets pour emporter nos achats. Si nous louons ces décisions écologiques européennes, il n'en reste pas moins que nous sommes heureuses d'avoir notre maison roulante tout près. Bien sûr, durant toute nos démarches entre la première entrée dans la boutique et notre sortie, personne n'a répondu à nos 'bonjour', 'au revoir' ou 'merci' pourtant exprimés en grec! Quant à Silvio et Nicolas, qui nous attendent en plein soleil, ils s'imaginent que nous avons taillé une bavette avec les locaux... Ah, ah, ah...

Voilà la triste histoire de nos premières courses européennes...

Plus tard, on visitera l'église Sainte Lydia parce qu'elle est sur notre route et pour se souvenir que tout le monde n'est pas méchant; il y a aussi des Saints...On poursuivra ensuite vers la frontière bulgare. On se rend compte alors qu'un des pays européens ne porte pas de nom! Les Grecs ne veulent pas reconnaître au Macédoniens le droit de nommer leur pays 'Macédoine'. Les Macédoniens, chez lesquels nous avions été si agréablement accueillis à l'aller, nous avaient déjà longuement entretenus sur le sujet et avaient exprimé leurs vifs regrets de se voir rejeter de l'Europe, à cause des Grecs, alors que d'autres pays, tels la Roumanie, la Bulgarie, la Slovaquie et même certains pays de l'ex-Yougoslavie avaient pu être admis. Nous ne connaissons pas grand chose à l'Europe qui nous semble bien loin du citoyen lambda que nous sommes et nous manquons totalement d'objectivité vu que l'accueil que nous avait offert les Macédoniens est aux antipodes de celui non reçu des Grecs. Cependant, nous trouvons nulle l'attitude qui consiste à rédiger des panneaux routiers comme vous pouvez en voir un dans nos photos... Rappelons que ces panneaux sont réalisés par des adultes et non par des gamins de maternelle. Cela nous laisse imaginer que l'Europe, en fait, n'est qu'une Belgique en grand... Les pays riches donnent des sous aux pays pauvres, les gens n'ont pas grand chose à dire et les mesquineries (l'Europe ne ferme-t-elle pas les yeux, par exemple, face à la puissance de la mafia italienne ou bulgare) et coups bas sont permanents. Jusqu'au jour où les pays les plus riches en auront marre et se retireront du 'jeu' (certains y pensent, n'est-ce pas)...

A la frontière, le douanier, frustré peut-être de ne plus servir à rien, épluche mon passeport et râle. Il n'est pas aussi beau que celui de mon mari ou de mes enfants. Il est de piètre qualité: les nombreuses autocollants appliquées par les diverses ambassades où nous l'avions confié ont décoloré la couverture et le page transparente qui suit la page d'identité se détache à force d'avoir été maintes fois scrutées; de nombreux douaniers n'ayant jamais vu ce genre de page dans un passeport. Je lui fais un signe d'impuissance; je ne suis pas responsable de la mauvaise qualité des passeports que mon pays produit! En outre, il est temps que le voyage se termine car il possède une bonne quinzaine de pages en moins que les passeports suisses et j'aurais été bien embêtée d'avoir à demander d'autres visas, certains pays exigeant une double page et mon passeport étant presque totalement tamponnés. A raison de cinq entrées et sorties aux EAU, quatre en Turquie, deux en Jordanie (à cause de l'histoire du transit saoudien... pour ceux qui ont suivi notre périple depuis le début), deux à Oman, deux en Syrie, deux en Géorgie, deux en Iran, ... Ca va vite :-).

Enfin, c'est soulagés que nous entrons en Bulgarie...

D'emblée, le pays nous plaît. Bien sûr, rien à voir avec les pays arabes... La Bulgarie est européenne, donc, tout est redevenu payant: les routes (très bonnes sur les sept cents kilomètres parcourus), les parkings, toutes les visites exceptés les monastères dans lesquels la contribution est souhaitée mais libre, ... Par ailleurs, le Bulgare est slave, l'accueil n'est généralement ni prévu officiellement, ni héréditaire, donc, il n'existe pas. Cependant, la gentillesse est présente, nous avons pu la vivre et l'apprécier à différentes reprises. Autres atouts, très importants à nos yeux, de la Bulgarie, il n'y a presque pas de touristes et le pays à beaucoup à offrir.

Nous sommes donc arrivés par le sud ouest, ne souhaitant toujours pas 'profiter' des bords de mers bondés et bétonnés. Nos facultés d'adaptation sont directement mises à rude épreuve puisqu'en douze jours, nous en sommes à notre cinquième pays, cinquième langue parlée mais aussi et surtout, cinquième alphabet! L'arménien, le géorgien, le latin à la sauce turque, le grec et maintenant le cyrillique. Il faut lire les indications et elles sont loin d'être toujours transcrites en caractère latin, même dans certains petits villages grecs. Heureusement quand même, le grec comme le cyrillique nous sont bien plus familiers que l'arménien ou le géorgien.

Le sud ouest, c'est le massif de Pirin avec les pyramides qui sont aux Bulgares ce que les cheminées de fées étaient au Turcs. Nous nous baladons à deux reprises au milieu des ces pyramides, aux alentours de Melnik d'abord, à Stob ensuite.

Nous avons également la chance de visiter le monastère de Rojène qui est un des plus beaux et des plus bucoliques que nous ayons pu voir... Ce n'est pas peu dire vu la quantité de monastères visités en Syrie, Arménie et Géorgie. Il y fait calme, le cadre est splendide et l'architecture nous plait énormément. Le corps de logis est composé de galeries comprenant des arcades et des portes en bois sculpté menant aux chambres des moines et aux communs. Des balconnets en bois permettent la balade à l'abri de la pluie et des balustrades protègent de la chute. L'église, quant à elle, offre une stupéfiante iconostase. Celui de Rila, que nous visitons le lendemain est, selon nous, le plus beau de tous et vraiment époustouflant.

Voici le temps des premières courses bulgares venu... On choisit un magasin de taille moyenne. Première observation, on nous dit 'bonjour'. Ensuite, on nous aide lorsqu'il faut acheter le pain au comptoir. Mieux, on nous sourit. En quelques minutes, non seulement, on a trouvé tout ce dont nous avons besoin mais en plus, nous sortons contents de la boutique. Les Bulgares, de leur côté, se font plus avenants dès que l'on s'essaye à leur langue. Un renseignement bon à prendre mais connu car constant dans tous les pays traversés.

Nous prenons la route pour Sofia que nous ne visitons pas; notre véhicule étant trop imposant pour les villes européennes. Par ailleurs, le temps nous est compté et nous préférons donner priorité aux sites éparpillés dans la nature. Il sera toujours temps de faire des 'city-trips' lorsque nous seront plus vieux...

Le bivouac est aisé et il se trouve encore des 'gens du voyage' dans le pays ce qui fait paraître notre mode de vie moins incongru que dans d'autres pays européens. Si la police vient parfois nous saluer, elle reste toujours courtoise. Nos bivouacs ne doivent pourtant pas toujours sembler idylliques aux locaux car, régulièrement, ils s'arrêtent près de nous pour nous demander si nous avons un problème et si ils peuvent nous être utiles.

Nous flânons dans la petite ville de Koprivstica. Nous aimons, nous nous sentons bien, les maisons sont très colorées, les boutiques à souvenirs rares et les Bulgares toujours très discrets. Le pays est rural, il y a encore des charrettes tirées par les cheveux un peu partout. Si dans les pays arabes, l'âne était omniprésent, en Arménie, en Géorgie et maintenant en Bulgarie, ce sont des troupeaux entiers de cheveux que l'on peut apercevoir. Dans le même ordre d'idées, les vaches ont remplacés les moutons et les biquettes.

Nous nous posons et nous reposons sur les bords du lac Koprinka. Nous sommes en plein week-end mais trouvons une place au calme facilement. Un groupe de jeunes, en tente, s'installent non loin de nous... Une légère musique dont le son est couvert par le croassement des grenouilles sera un des rares signes de leur présence. Différentes espèces d'oiseaux survolent Baloo et la vue nous porte sur les rives opposées, recouvertes d'une dense végétations de conifères. Nous profitons de ce week-end pour parfaire notre gestion de l'eau. En effet, depuis notre sortie d'Arménie, nous avons droit à notre orage quotidien. Et depuis que nous sommes en Europe, l'eau, parfois, est plus difficile à trouver ou est payante. Comme il nous est quasi impossible d'être garés de manière cent pour cent plane, nous récoltons l'eau qui s'écoule du toit de Baloo, au niveau de la capucine, dès que la pluie a un peu nettoyé les poussières s'y trouvant. Silvio, à qui le remplissage de la citerne échoue, décide même de charrier moins de seaux et de se doucher directement dehors. C'est ainsi qu'en plein cœur d'un violent orage, nous le regardons, perplexes, enfiler son maillot, s'armer du savon et du shampooing et sortir se laver! Certes l'eau chaude n'est pas prévue mais, par contre, elle l'est à volonté. Il en revient tout propre, revigoré mais sans faire le moindre adepte!.

Nous reprenons la route à regret après cette pause détente. Il s'agit de nos derniers moments relax, avec nos enfants, à ne rien faire d'autres qu'à les regarder grandir et à admirer la nature qui nous entoure. Nous n'en avons que trop conscience et déjà, dans toutes nos conversations reviennent les 'tu te souviens avec un tel...', 'tu te rappelles quand...', ...

Nous nous dirigeons vers Kazanlak et nous arrêtons en ville pour nous rendre compte de ce qu'est la Bulgarie plus citadine. Des gens partout aux terrasses, des parcs et des zones 'wifi gratuit', des couleurs sur les façades et les parasols mais très peu d'enfants. La Bulgarie a le taux de natalité le plus faible d'Europe et cela se voit... Ensuite, visite du musée de la rose. Nous arrivons trop tard pour les récoltes, les roses sont cueillies ou fanées. Les Bulgares sont déjà passés à la lavande qui embaume les campagnes. Qu'importe! Nous visitons le musée et profitons des explications d'une dame qui parle un français parfait. Les roses ne sont pas particulièrement belles. Elles sont par contre très odorantes et comptent des très nombreux pétales. Il en faut trois tonnes minimum pour extraire un kilo d'huile de rose, revendue plusieurs milliers d'euros à la France, premier importateur. Si les Bulgares ont le micro-climat nécessaire à faire fleurir la rose, les Français ont le savoir faire et c'est ainsi que Kazanlak, capitale de la rose, travaille principalement avec des parfumeries telles Mollinard ou Fragonnard, situées à Grasse, dans le midi de la France. Tu vois, papa, jadis, vous nous avez permis, avec maman, de visiter une de ces parfumeries, et maintenant, des années plus tard, j'y repense et découvre la fleur qui est à la genèse de la plupart des parfums français... Nous papotons avec la dame qui nous ouvre des vieilles cuves inutilisées depuis plus de soixante ans mais d'où émane toujours l'odeur des roses. En la quittant, nous nous souvenons que nous n'avons pas payé notre visite mais notre contribution est refusée; la visite est offerte! Merci à vous, madame, qui faites un si beau métier, pour toutes vos explications...

En repartant, sur la route, nous croisons une indication pour l'église russe de Spika. Les sites sont toujours bien indiqués et nous avons régulièrement le plaisir de découvrir des choses dont nous ignorons jusqu'à l'existence (nous avons peu investi dans des guides européens vu le peu de temps prévu dans chaque pays et le nombre de ces pays.).

L'église russe, donc, est un bâtiment impressionnant richement décoré tant à l'extérieur qu'à l'intérieur et surmonté de plusieurs clochers et bulbes dorés. Nous y sommes montés à pieds, le chemin d'accès étant prétendument interdit aux bus et aux camions. Une commerçante nous a montré quelques souvenirs qu'elle espère nous vendre. Nous repérons un cadeau qui pourrait plaire à quelqu'un (Mais qui??? Vous ne le saurez pas !-) et promettons de repasser en redescendant. Elle ne semble pas trop y croire... Une fois en haut, nous comprenons pourquoi! Plusieurs bus stationnent sur un vaste parking dont l'accès leur est prétendument interdit et les touristes, à notre plus grande joie, semblent plus intéressés par les quelques boutiques que par l'église. Nous redescendons tenir notre promesse chez la brave femme qui n'en revient pas et qui, du coup, m'offre un échantillon de parfum de...rose!

La Bulgarie rurale existe, on vous l'a dit mais, l'Europe a des exigences qui ne permettent pas toujours de sauvegarder le patrimoine. Ainsi, de très nombreux ruraux se sont tournés vers les villes depuis que ces dernières ont vu s'améliorer les conditions de vie et de travail. Les charrettes sont interdites sur certaines routes, ... Le musée ethnographique est alors une bonne alternative pour expliquer à nos enfants ce qu'était la vie du temps de nos grands-parents, vie qui est parfois restées presque identique dans les villages le plus reculés. Nous choisissons de visiter celui d'Etara et c'est émerveillés que nos petits regardent les démonstrations des couteliers ou des meuniers, assistent au filage de la laine, ... Un très bon moment!

Trjavna, autre petite ville, petits ponts de pierres, maisons à encorbellements et aux couleurs vivent nous plaît également beaucoup.

Ensuite, nous filons vers Abanassi, vantée par notre petit guide mais qui nous déçoit, ce village n'étant qu'une succession d'hôtels! Cependant, notre détour vers Abanassi nous aura permis de découvrir Veliko Tarnovo et sa citadelle qui, certes belle, a été défigurée par les lampes et la sono disposées en vue du 'son et lumière' du week-end.

Nous voyons une indication pour un monastère et bien que nous ne soyons pas devenus complètements bigots, nous nous y rendons car, nous aimons voir leur architecture extérieure (plus que l'iconostase), il y fait calme et il y a souvent de l'eau. Celui dont il est question, répondant au nom de Preobrazenski (à l'usage, on s'habitue très bien à ce genre de nom...) est vieux et décati. Nous adorons et, si on nous l'avait offert, on aurait été ravis. Dommage! Il n'en fut point question! Il est de taille humaine, sauvage, sa rénovation va bon train et surtout, ses portes, couleurs pastelles, sont splendides. Il y a un ancien puits dans le jardin, un banc pour s'assoir et écouter le silence, des chats peureux et un grosse cloche qui ne sonne qu'une fois par heure. La vie est rude ici mais probablement vraie... C'est cette dernière image que l'on veut garder de la Bulgarie, même si, pour se faire, nous devons laisser de côté le vallon d'Ivanovo.

Nous reviendrons un jour en Bulgarie tant nous avons été heureux de la petite semaine que nous y avons passée... C'est quasi certain!

Pour l'heure, on referme une porte et on en ouvre une autre qui nous mènera en Roumanie.

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